Victoire pour les teufeurs : Daniel Vaillant a décidé de renoncer à légiférer.
" Laissez-nous danser ", demandaient les teufeurs depuis que Thierry Mariani avait déposé un amendement les menaçant de la saisie de leur sono s’ils ne demandaient pas la permission de minuit au préfet. Après moult atermoiements, quelques manifestations et autres coups de poing sur la table, Daniel Vaillant, qui avait repris à son compte l’essentiel de l’amendement du député RPR, a finalement décidé de renoncer à légiférer sur le sujet.
La commission des Lois a rapidement biffé les dispositions maudites de la version sénatoriale du projet de loi de sécurité quotidienne. À charge pour Daniel Vaillant d’organiser la concertation avec les teufeurs, qui peaufinent leur charte. Pourtant, quelques jours plus tôt, notamment lors de la rencontre nationale des contrats locaux de sécurité, le ministre de l’Intérieur ne voyait pas d’autre alternative à la loi " puisque la circulaire de 1998 n’est plus applicable ". Auparavant, il avait déjà lâché sur la saisie des " sons " et opté pour des " sanctions graduées ".
Au final, ce revirement n’est pas si surprenant que cela. Lionel Jospin, après avoir botté en touche lors de la Fête de la Musique, a préféré éviter à son ministre un désaveu de plus, venant, qui plus est, de son propre camp. Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste, avait bien souligné qu’il était contre toute législation, et Bruno Le Roux, rapporteur de la loi, s’apprêtait à déposer un amendement supprimant les dispositions prises ultérieurement.
Daniel Vaillant a d’autres chats à fouetter en ce moment pour en plus se mettre à dos la jeunesse, vivier électoral intéressant au plus haut point le premier ministre. Et, lors de son raout de la Villette, Daniel Vaillant avait vu à ses côtés un certain Jack Lang qui, avec Catherine Tasca, Claude Bartolone et Marie-George Buffet, s’était élevé contre cette volonté de réglementer les raves. Sans compter les Verts, le PCF... et même une partie de la droite.
Côté teufeurs, on respire. Pour Lionel Pourtau, président de l’association Voodoo’z Cirkle, " c’est une décision de bon sens. D’abord discuter pour établir une charte qui prenne en compte nos attentes et celles, légitimes, des collectivités locales, tester ces dispositions sur quelques raves pilotes. Et ensuite, s’il y a des manques, régler les problèmes par le biais d’une circulaire ou d’une loi ".
Si la pression des teufeurs a joué, " le fait que même Michèle Alliot-Marie se soit prononcée contre les dispositions anti-rave montre qu’il y a derrière un enjeu électoral ", sourit Lionel Pourtau. Ajoutant : " Et puis il ne faudrait pas brusquer ces jeunes qui votent plutôt à gauche ou qui ont contribué à l’élection de Jacques Chirac... "
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